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Auteur Principal
Villarroel Gilberto
Responsabilité
Editeur
Aux forges de Vulcain
Année d'édition
2020
Genre
Roman fantastique
Public
Adulte, grand public
Support
Livre
Livre

Cochrane vs Cthulhu

https://mediatheque-plouigneau.fr/images/covers/COCHRANE-VS-CTHULHU_VILLARROEL-GILBERTO-9782373050707.jpg

Isbn :
9782373050707

Description matérielle :
Dimension : 23 cm,
Nbr de pages : 384 p.,

Sujets :
Littérature fantastique:Roman chilien

Collection :
Fiction

Résumé :
Avant de devenir le libérateur du Chili, Thomas Cochrane ravagea près de la moitié de la flotte française en 1809, au large de l'île d'Aix, pendant les guerres napoléoniennes. En 1815, alors que s'achève la construction de Fort Boyard, Cochrane revient dans la baie pour l'anéantir. Mais du fond de l'océan, se réveille Cthulhu, un dieu endormi qui prétend au contrôle de la Terre.
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Exemplaires

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L2919900011893
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Isabelle L 5 Cochrane VS Cthulhu Cochrane vs Cthulhu, par Gilberto Villaroel, éditions « Aux Forges de Vulcain ». Comme chacun devrait le savoir, je suis depuis toujours fasciné par le Mythe de Cthulhu, et très amateur des récits prolongeant, avec plus ou moins de succès, l’œuvre de Lovecraft. Depuis quelques années, il semblerait que toute une génération d'auteurs reprenne le mythe, le remette au goût du jour et l'actualise, chacun selon sa sensibilité ; et cette mode me réjouit. Ce que vous ignorez sans doute, amis du Collectif ZLLT, c'est que je voue une fervente admiration pour Napoléon 1er et son époque. Alors, vous pensez bien que je me suis jeté sur cette parution qui propose une aventure maritime mettant aux prises un célèbre amiral anglais, une garnison de dragons de la Garde et le principal Grand Ancien de la mythologie lovecraftienne, Cthulhu en personne, le tout durant les Cent Jours. Je ne connaissais pas cet éditeur, « Aux Forges de Vulcain », mais je dois reconnaître qu'il propose des livres attirants, en ce qui concerne la fabrication : maquette sobre qui change des habituelles photos bidouillées, impression et papier de qualité font que le lecteur prend en main un ouvrage très professionnel. Autre point agréable : un avant-propos et une postface de l'auteur permettent de découvrir la genèse de l’œuvre, ce qui se révèle utile lorsqu'on s'intéresse au processus d'écriture. J'ai bien relevé quelques coquilles (surtout vers la fin du livre), et quelques phrases ou expressions m'ont paru inadaptées, sans doute à cause de la traduction, mais l'impression sur l'ensemble du volume reste favorable. En fait, l'auteur chilien de ce roman propose une sorte de relecture de « L'Appel de Cthulhu », avec l'émersion de la cité engloutie de R'Lyeh au large des côtes françaises, et le combat désespéré des ennemis héréditaires réunis pour lutter contre un dieu extraterrestre terrifiant. Nous nous trouvons ici dans un univers uchronique, où la principale différence avec l'histoire réelle réside dans le fait que, dans ce monde parallèle, Napoléon a construit Fort Boyard une quarantaine d'années avant son achèvement véritable en 1857. Sinon, le contexte demeure familier, ce qui permet d'entrer dans l'action sans longs chapitres d'exposition. Car, de l'action, il y en a ! En un peu moins de quatre-cents pages, nous assistons à la découverte d'une menace fondamentale pour l'humanité, qui va amener Anglais et Français présents dans le fort à conclure une alliance insolite pour repousser les assauts de Cthulhu et ses créatures infernales. Les militaires seront aidés par deux des esprits les plus acérés de l'époque, les frères Champollion, envoyés spécialement de Paris par Fouché pour interpréter de mystérieuses inscriptions proches des indéchiffrables hiéroglyphes égyptiens... Vous l'aurez compris, l'idée brille par son originalité, et « Cochrane VS Cthulhu » se lit vite, à la façon d'un roman d'aventures sans prétention. Cette impression est renforcée par le style sans fioritures, très dynamique et quasi cinématographique, et les amateurs de rebondissements devraient ressentir le même plaisir qu'au visionnage d'un honnête film d'action. Alors, pourquoi ai-je refermé ce livre avec un sentiment mitigé, entre la légère déception et le regret ? Sans doute à cause de quelques erreurs historiques et techniques gênantes dont voici quelques exemples : — le capitaine n'est pas un grade d'officier supérieur, mais subalterne — personne ne se roulait de cigarettes en 1815, pour la bonne raison qu'elles n'existaient pas (elles furent popularisées par les Anglais après la guerre de Crimée) — des erreurs techniques sur la navigation, et les navires de l'époque, en particulier sur l'utilisation de la vapeur (c'est d'ailleurs un Français qui a inventé le procédé, et pas Cochrane). De plus, je vois mal comment diriger une embarcation si on remplace le gouvernail par une hélice, comme indiqué page 307... Mais il s'agit là de détails qui risquent de choquer peu de lecteurs, hormis ceux qui, comme votre serviteur, se révèlent de pénibles pinailleurs. J'ai déjà indiqué que ce roman utilisait les procédés du roman-feuilleton populaire, ce qui lui confère un dynamisme certain, un petit côté daté sympathique. Hélas, il n'en évite pas les écueils : malgré un bel effort pour dépeindre des personnages secondaires attachants, le héros se montre si vierge de tout défaut, si surhumain qu'il a peiné à susciter mon empathie. Cochrane est décrit comme une sorte de géant inaccessible à la peur ou à la fatigue. Doué dans tous les domaines, il bricole un lance-flammes avec une lampe à huile et un canon de fusil à ses heures perdues, avant de prendre tout naturellement le commandement des opérations dans la lutte désespérée contre un Grand Ancien un peu grognon d'avoir été réveillé en sursaut... On peut être bon public, mais parfois, trop c'est trop ! Pour ma part, je préfère les personnages présentant quelques faiblesses, un peu humains, quoi, et pas des sortes de super-héros dignes des pires navets Marvel revus par Disney... Un autre tic d'écriture qui m'a un peu agacé consiste à donner un résumé des chapitres précédents, comme si le récit était vraiment livré en épisodes. Ce procédé répétitif, peut-être destiné à fournir un volume de pages plus important, le public préférant les pavés aux formats courts, peut sembler amusant au début, mais il m'a fatigué tout au long d'un si grand nombre de chapitres. Et Cthulhu, dans tout ça ? Villaroel nous en dessine un portrait fidèle à la description de Lovecraft, mais dans un esprit plus proche de celui de Derleth, ou pire, de Lumley. Le Grand Ancien nous est décrit comme un danger physique, matériel, qu'on peut contrer à coups de barils de poudre noire et de fusées Congreve. Tout l'aspect surnaturel, mystique, toute la dimension génératrice de folie se voient bannis du récit, au profit d'une approche matérialiste du conflit. Cthulhu est dépeint comme un extraterrestre gigantesque et vindicatif, doté de l'éternité et d'une puissance immense, mais l'aspect vertigineux, transcendant qu'a su lui conférer Lovecraft est évité, et je le regrette un peu. En fait, le dieu qui surgit de R'lyeh évoque davantage le monstre de Cloverfield qu'une entité extradimensionnelle dont la seule vision suffit à rendre dément : le genre de bestiau qu'une bonne bombe atomique tactique ou un Cochrane en forme parviennent à renvoyer dans sa tanière. En conclusion, malgré toutes les réserves énoncées, et même si « l'horreur cosmique » si chère à Lovecraft reste quasi absente du récit, « Cochrane vs Cthulhu » s'avère un livre honnête, procurant une lecture divertissante, à condition de ne pas se montrer trop à cheval sur la fidélité au canon lovecraftien, et sur la rigueur technique et historique. 03-06-2022